samedi 22 juillet 2017

Conan, les 6 premières nouvelles - Robert E. Howard

Conan, les 6 premières nouvelles - Robert E. Howard


Nouvelles lues pendant un long voyage via cette application : c'est bien pratique d'avoir dans sa poche un peu de littérature pas trop prise de tête et de format court quand on vadrouille à l'étranger. Je n'aime pas trop la fantasy en général, mais ayant déjà picoré un peu de Howard, je partais avec une impression positive. Impression confirmée au début. Le personnage de Conan est vraiment efficace : parfois on admire son coté primal qui permet à Howard d'offrir quelques contrastes saisissants avec la civilisation, parfois on rigole devant son comportement déplacé et ses traits de philosophie barbare. Conan, incarnation du primal, s'oppose le plus souvent à des mages, incarnations du savoir. Il y a là un vrai thème qui court à travers les nouvelles. On trouve aussi quelques touches de fantastique lovecraftien qui donnent à l'univers d'Howard une amplitude cosmique tout à fait appréciable. Mais à la longue, Howard peine à se renouveler : Conan est placé dans une situation intéressante, mais s'en sort en décapitant à la chaine dans des scènes de bataille interminables. Frustrant.
  • The phoenix on the sword (1932)
Le personnage de Conan est inauguré avec une nouvelle assez courte. C'est classique : de vils individus complotent dans l'ombre pour détrôner le roi Conan, mais celui-ci, avec l'aide d'un vieux sage qui lui apparait en rêve, parvient à les massacrer avant de se faire massacrer. Howard donne à cette trame simple une ambiance qui en fait tout le charme. On se sent proche de Lovecraft, Howard utilise même le terme de cosmic horror. Au-delà de Conan, charismatique barbare, ce sont les personnages de magiciens qui sont captivants. Et les vers qui introduisent les chapitres sont fort bons, dommages que Howard ne s’embête plus avec ça par la suite :
What do I know of cultured ways, the gilt, the craft and the lie ?
I, who was born in a naked land and bred in the open sky.
The subtle tongue, the sophist guile, they fail when the broadsword sing;
Rush and die, dogs – I was a man before I was a king.
  •  The scarlett citadel (1933)
Nouvelle déjà lue, et relue avec beaucoup de plaisir. Encore une fois ce sont les magiciens, purement maléfiques ou plus ambigus, qui intéressent particulièrement. Ils ressortent par rapport à Conan, toujours très terre à terre sans être ennuyeux : il est plein d’enthousiasme communicatif, ce barbare. Howard passe avec fluidité de sombres abysses pleines de lovecrafteries à de grandes batailles, et la fin est d'un humour qui fait mouche en jouant sur la simplicité innée de Conan.
  • The tower of the elephant (1933)
Une nouvelle qui commence assez classiquement. Conan, pas encore roi, jeune barbare encore nouveau à la civilisation, apprend l'existence de la tour de l'éléphant et du fabuleux joyeux qu'elle abrite, donnant ses pouvoirs magiques au méchant magicien de service. On commence vraiment à sentir cette opposition entre le magicien, débordant de savoir et par conséquent moralement douteux, et Conan, barbare né pour être au sommet de la chaine alimentaire mais recelant une honnêteté primaire. Si c'est efficace, ce n'est pas transcendant : Conan affronte les péripéties un peu banales qui se mettent sur son chemin. L'intérêt décolle plus tard, quand il rencontre un extraterrestre tout droit sorti de chez Lovecraft. Cette créature, gardée en captivité par le méchant magicien, existe depuis fort longtemps. Elle se met à déballer un résumé de l'histoire de l'humanité, et Howard parvient vraiment à créer l'idée que le monde de Conan n'est qu'un petit point perdu dans l'infini de l'espace et du temps. Et Conan, avec son intellect de barbare, en prend conscience à sa façon.
  • Black collossus (1933)
Sans doute la nouvelle la plus faible jusqu'à maintenant. Elle commence bien : un voleur explore d'antiques ruines et réveille un vieux magicien maléfique. Celui-ci lève une armée, et menace le pays d'une princesse qui, en prime, est persécutée par un démon. Elle d'adresse à un ancien dieu qui lui ordonne de confier son royaume au premier homme qu'elle croise dans la rue. Bien sur, c'est Conan. C'est l'occasion de scènes très drôles, quand Conan, seul dans une rue nocturne avec la princesse, lui explique bruyamment que les tavernes ferment trop tôt dans ce pays, on ne peut pas picoler tranquille. Ou encore quand Conan fait face à des nobles outrés qu'on les place sous le commandement d'un barbare. A ces occasions le personnage est très bien exploité. Puis c'est une longue, très longue, scène de bataille contre un méchant qui manque de caractérisation. Ça se termine par Conan et la princesse faisant l'amour à coté du cadavre encore chaud du magicien. Mouais. Très convenu.
  • The slithering shadow (1933)
Un début de nouvelle troublant car on pourrait la prendre pour une suite directe de la précédente : Conan est paumé dans le désert avec une femme. Mais non, c'est à un autre moment de la vie du barbare. Ils tombent sur une ville mystérieuse et Howard pose un contexte intéressant. Les locaux, bien que scientifiquement très avancés, passent la plupart de leur temps drogués, à se perdre dans des mondes oniriques. Malheureusement, l'auteur ne fait pas grand chose de ce point de départ. Conan combat des soldat, Conan combat un gros monstre, Conan sauve sa copine, enfin, son esclave. L'ambiance de conflit entre deux femmes qui veulent Conan est assez comique, ainsi que les remarques de celui-ci sur sa vision de la psychologie féminine.
  • The pool of the black one (1933)
Conan débarque, venu de nulle part, sur un bateau pirate en plein océan. Il s'impose naturellement comme un leader. Il va même tuer le capitaine pour prendre sa place quand ils débarquent sur un continent inconnu. Mais ensuite ce n'est que de la bagarre interminable. Il y a dans le coin de méchantes créatures, alors pif, paf, boum, slash, arg.

jeudi 20 juillet 2017

Les visiteurs - Clifford D. Simak


Les visiteurs - Clifford D. Simak

Une variante sur le thème du premier contact. Dans une petite ville quelque part dans la campagne américaine, un gros machin ressemblant à une boite à chaussures géante se pose. La chose capture quelques créatures, dont un humain, pour les examiner, puis se met à dévorer les arbres en masse. Une multitude de personnages se retrouvent impliqués, notamment des journalistes et des conseillers du président.

Simak, voulant donner à ses œuvres un coté profondément humain, s'attache à développer ces personnages, et leur donne beaucoup de place. Mais ils sont souvent simplistes, voire superflus. On à presque l'impression de lire une nouvelle étirée en roman à coup de dialogues facultatifs et de scènes dont on aurait pu aisément se passer. Heureusement, le cœur du récit reste efficace : on se prend rapidement d'intérêt pour le mystère qui entoure le visiteur, et bientôt les milliers d'autres.

Ces entités ressemblent à des machines mais n'en sont pas : ce sont des créatures vivantes, douées d'intelligence. Elles semblent chercher un foyer et jettent leur dévolu sur la Terre car elle est riche en cellulose, nourriture de choix pour leurs petits. La communication entre eux et les humains est presque impossible. Pourtant ils ne semblent pas hostiles, ils observent l'humanité, et vont jusqu'à fabriquer des voitures futuristes en paiement pour les arbres dévorés. A moins que leurs intentions ne soient plus troubles ? Il y a quelques allusions, mais le roman se termine en queue de poisson juste quand ça devient intéressant. C'est plutôt raté, on a juste l’impression que l'auteur n'avait aucune idée de comment terminer son histoire. Dommage, car la potentialité esquissée d'une cohabitation pacifique entre humains et visiteurs suscite la curiosité, tout comme quelques détails presque horrifiques qui ne seront jamais développés.

286 pages, 1981, j'ai lu