vendredi 12 mai 2017

Le monde vert - Brian Aldiss


Le monde vert - Brian Aldiss

Dans un futur très lointain, la Terre ne tourne plus autour de son axe. Immobile, elle expose toujours la même face au soleil. Ce coté de la planète déborde de vie pendant que l'autre est plongé dans une nuit perpétuelle. Et quand je dis qu'elle déborde de vie, c'est littéral : il n'y a plus un centimètre carré de disponible à la conquête. Les végétaux règnent en maitres. Prenant les formes les plus variées allant de l'arbre-continent à la plante-oiseau, ils s'entretuent pour la nourriture et pour l'espace. Au milieu de ce joyeux chaos survivent quelques espèces animales. Des guêpes géantes, des termites intelligents et, entre autres, des humains.

Brian Aldiss ne s’embarrasse pas d'une intrigue complexe. Il prend quelques embryons de personnages et les envoie virevolter dans le monde vert. Ils se font manger par diverses créatures hostiles, ils mangent d'autres créatures, ils passent d'un danger effroyable à un autre encore plus surprenant, ils embarquent jusqu'à la Lune sur un gros machin végétal d'un kilomètre de largeur qui tisse des toiles entre la Terre et son satellite... C'est un peu le bordel tout ça. Et, grâce à l'inventivité de l'auteur, ça fonctionne très bien. Il n'y a aucun temps mort, Aldiss surprend en permanence avec sa multitude de plantes-animaux bizarres et de rencontres improbables. Il y a quelques moments franchement drôles, notamment quand quelques humains déterrent un vieux drone propagandiste qui hurle des slogans politiques à des êtres n'y comprenant rien. Parfois, c'est plus insidieux, presque horrifique, la faune-flore ayant tendance à vouloir entrer en relation symbiotique avec les humains. Ainsi, pendant une bonne partie du récit, un humain doit partager son esprit et son corps avec une morille (oui !) parasitaire intelligente. Celle-ci ne pense qu'à conquérir l'univers, remplir le monde de clones d'elle-même, alors que les humains, ces paresseux, veulent juste se la couler douce.

Si le manque de véritable intrigue n'a pas été pour moi un vrai problème, on peut regretter qu'Aldiss sombre progressivement dans la facilité pour ce qui concerne les rapports entre les personnages humains. Au début, ça partait bien. Pour des raisons inconnues, il y a chez ces humains du futur plus de femmes que d'hommes. Du coup, on est dans une société matriarcale où les hommes sont précieux et doivent être protégés, car ce sont eux qui représentent la fertilité. Aldiss tire de cette prémisse quelques situations intéressantes avant de revenir à des rôles traditionnels : homme colérique et autoritaire, femme maternelle et consolatrice. Ce n'est pas très important en soi, question d'époque, mais c'est vraiment dommage d'abandonner une idée originale pour revenir vers de tels clichés. Pour le reste, Le monde vert se lit avec enthousiasme. La vraisemblance scientifique passe au second plan, derrière l’émerveillement et la stimulation de la curiosité. On en sort avec l'esprit plein de visions étranges et de créatures surréalistes.

328 pages, 1962, folio sf

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