samedi 11 mars 2017

Nouvelles de Joyeuses Apocalypses - Jacques Spitz


Nouvelles de Joyeuses Apocalypses - Jacques Spitz

En plus des romans La guerre des mouches, L'homme élastique et la La guerre mondiale n°3, le recueil Joyeuses Apocalypses contient six nouvelles de Jacques Spitz. Toutes sauf une sont publiées ici pour la première fois, et on a malheureusement pas d'information sur leur date probable de rédaction. Dommage. Bref, Spitz fait encore une fois preuve d'une inventivité et d'un humour absolument délicieux en tournant en dérision les prétentions de l'humanité et la sainte idée de progrès.

  • Après l'ère atomique. Les expérimentations atomiques de l'humanité ont des conséquences dramatiques : la lumière a été touchée en plein cœur. C'est à dire qu'elle ralentit. Beaucoup. Jusqu'à devenir quasi-immobile. Spitz se fait plaisir en décrivant les conséquences de ce changement drastique des lois de la nature.
  • Le nez de Cléopâtre. Une nouvelle parfaitement représentative de l’œuvre de Spitz (pour ce que j'en connais). Pendant une guerre, un jeune savant arrive avec une invention au potentiel catastrophique évident, ce qui n’empêche pas les hommes de l'utiliser avec légèreté : la capacité de transformer l'eau en boue. Pratique pour bloquer la flotte anglaise. Moins pratique quand toute l'eau du monde se transforme en boue. La boue s'évapore et retombe en pluie jusqu'à ce que l'intégralité du globe soit entièrement recouvert d'une bonne couche uniforme de boue. Une fin guère joyeuse pour l'humanité, mais un joyeux moment pour le lecteur.
  • Interview d'une soucoupe volante. L'humanité est asservie par des extraterrestres qui, étonnamment, se contentent d'enlever quelques humains de temps en temps, laissant la majorité en paix. Le narrateur, bien décidé à percer ce mystère, va se balader en zone interdite, rencontre des aliens et apprend l'horrible vérité. Sans révéler la fin, il s'agit sans surprise de remettre une humanité prétentieuse à sa juste place, c'est à dire une place bien modeste, avec une bonne louche d'humour noir.
  • L’énigme du V 51. Une nouvelle qui ressemble à un hommage à Wells. Avec un personnage du nom de George H. Gallois, le doute n'est guère permis. Une expédition lunaire se retrouve un peu surprise quand elle croise entre deux cratères des humains qui... parlent anglais. Spitz prend un ton plus léger avec cette petite fable.
  • Les vacances du martien. Sans doute la nouvelle la plus faible du lot. Dans un futur lointain, la vieille Terre fatiguée est transformée en parc de loisir géant pour les autres planètes. Le récit prend la forme d'un tour de manège à l'échelle planétaire, farfelu et amusant, mais manquant un peu de fond.
  • Le secret des microbes. Ici, Spitz se lance dans un fantastique plus classique. Le narrateur est-il fou ? Peu importe, finalement. Il se trouve que celui-ci, misanthrope assumé qui n'est pas sans rappeler le solitaire du Sous-sol de Dostoïevski, se met soudain à voir les microbes. Il entame une discussion avec Staphilo, un gentil staphylocoque doré. C'est l'occasion d'apprendre que les microbes cherchent à rentrer dans les humains parce qu'ils les vénèrent comme des dieux. Le narrateur autorise Stapphilo à passer 24 heures en lui, et c'est l'occasion d'une description aussi superbe que grotesque de l'intérieur du corps humain vu par un microbe. Ça grouille de vie, là-dedans. Microbes et globules blancs qui s'entretuent et s'entredévorent. Bref, Staphilo, déçu par son voyage, renie son ancienne foi, et le narrateur décide de massacrer toutes ces petites bêtes. La conclusion est un délice : « Comprenez-moi : ils m'édifient quand je les vois périr, victimes de ma trahison. Décidément, il y a du Dieu en moi. »

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