vendredi 9 décembre 2016

Paris au XXe siècle - Jules Verne


Paris au XXe siècle - Jules Verne

Un roman de Verne n'étant jamais paru de son vivant, son éditeur n'ayant pas été convaincu de l’intérêt que pourrait porter le public à un tel texte. Comme le titre l'indique, c'est un récit d'anticipation assez classique. Verne explore le Paris de 1960, c'est à dire un Paris situé 100 ans dans le futur.

Je n'ai jamais été très attiré par Jules Verne. Enfant, j'avais toute sa bibliographie sur une étagère de ma chambre, mais je ne suis jamais allé plus loin que lire quelques pages. Verne était à mon goût de gamin trop... terre à terre. Et c'est un peu l'impression que me laisse ce Paris au XXe siècle. Verne cite un grand nombre de savants et de procédés scientifiques à peu près novateurs à son époque, et imagine leur application à grande échelle. Mais au final, on a du mal à se sentir plongé cent ans dans le futur, même en se replaçant dans le contexte d'écriture. Tout est juste plus gros. Plus gros bateaux, plus grosses rues, plus gros bâtiments. Mais c'est sur le plan sociétal que les choses sont plus intéressantes. Ce monde du XXe siècle est un monde pratique. Seules comptent l'argent et la productivité. Les banquiers et les commerçants sont rois. L'art, la culture ? Des choses honteuses, inutiles, à bannir. On a presque l'impression d’être face à un récit précurseur de Fahrenheit 451 et autres dystopies du même genre. Mais Jules Verne échoue à développer son thème. Le héros, Michel, et ses divers potes sont bien sur des rebelles, des inadaptés. Bref, des artistes. Ils n'y peuvent rien, ils veulent écrire des vers, faire du piano et lire Victor Hugo. Le problème, c'est que le propos de Verne se résume à "c'était mieux avant". On sent bien sur qu'en parlant du futur, il critique sa propre époque. Du coup, la majorité de la population n'est qu'une bande d'idiots incultes, et nos héros passent leur temps à se lamenter sur leur triste sort et à regretter le siècle précédent. Verne n'y va pas avec des gants, son propos manque franchement de subtilité. Des choix narratifs douteux, comme l'inévitable amourette, d'une absolue platitude, ou cette longue liste élogieuse, sur plusieurs pages, de tous les auteurs du passé qui n'ont plus d'équivalents modernes, histoire de bien montrer à quel point c'était mieux avant, achèvent de rendre Paris au XXe siècle plutôt oubliable. Néanmoins, pour l'amateur d'anticipation à tendance dystopique, c'est une petite lecture qui vaut le coup. Le classique parcours d'un inadapté se faisant broyer par une société impitoyable fonctionne malgré tout. Et les illustrations de François Schuiten sont superbes. Dans cette édition il n'y en a que trois, y compris la couverture, mais j'ai pu en voir d'autres sur le net. Celle en photo (d'une qualité douteuse) ci-dessous est particulièrement réussie, on se croirait presque dans une nouvelle de Clark Ashton Smith.

168 pages, 1860, le livre de poche

Paris au XXe siècle - Jules Verne

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