lundi 2 mai 2016

The New Machiavelli - H.G. Wells


The New Machiavelli - H.G. Wells

Un roman de Wells au ton réaliste qui serait, à priori, partiellement autobiographique. Mais ce n'est pas un point capital, il vaut mieux le prendre comme une fiction nous plongeant dans l’Angleterre du début du vingtième siècle. Heureusement, The New Machiavelli a plus qu'un simple intérêt historique.

Je crois qu'une partie non négligeable du plaisir que m'a procuré ce livre vient d'une identification avec son personnage principal et narrateur, Remington. Ou du moins une certaine empathie. Remington nait dans une famille moyenne, fils unique, il perd son père vers dix ans. Mis à l’abri du besoin par un oncle riche, il a un goût inné pour l'abstraction. Au grand regret de son oncle, il désire aller à l’université au lieu de travailler. Ce qui le branche, c'est de théoriser l'organisation sociale, de rêver d'un futur meilleur. Il ambitionne de se faire une place dans le monde de l'écriture et de la politique. Et il y parviendra. Il faut bien avouer que les passages du roman qui sont principalement consacrés à la politique ne sont pas les plus passionnants. Tout cela semble un peu loin, et ce n'est pas toujours très clair pour le lecteur d'aujourd'hui, surtout pour le lecteur non anglais. Mais on peut toujours suivre et comprendre les grandes oppositions entre les hommes d'idées et la majorité pragmatique, avec entre les deux le politique moyen qui n'a guère d'autre ambition que le maintien du statu quo.

Mais tout devient plus captivant quand se mêlent à cette abstraction l'amour et le désir. En même temps que son apprentissage de la vie politique, Remington fait l'apprentissage de la vie amoureuse. Et le crépuscule de l'ère victorienne n'est pas des plus favorables à une nature sensuelle. Réprimant ses désirs, Remington va se marier à une femme dans le seul but de tenter d'éliminer ses désirs et de se concentrer sur sa mission politique. Margaret est une alliée et non pas une amante, c'est un mariage d'idée et non de désir. On devine que les choses ne peuvent qu'aller droit dans le mur. Ainsi quand les idées de Remington évoluent et que celles de Margaret restent les mêmes, ils n'ont plus entre eux une mission commune pour les unir. La jeune Isabel, par contre, a le mérite non seulement d'avoir avec Remington le lien idéologique, les structures de pensées communes qui semblent capitales pour ces êtres tournés vers l'abstraction, mais surtout, elle éveille le désir et l'amour. Entre eux nait la passion. Passion non compatible avec l'étouffante morale victorienne. Alors, renoncer à l'amour véritable pour se consacrer froidement au bien public ou embrasser la chaleur de la vie et dire merde aux grands idéaux, de toutes façons probablement irréalisables ?

C'est là que The New Machiavelli réussit particulièrement bien : décrire ce combat entre le désir et la raison. Mais le fait est que ce combat ne peut exister que dans une société défaillante. Quel gâchis que de condamner les meilleurs au mépris public parce qu'ils ont eu le courage d'essayer de se connaitre et d'agir en accord avec cette connaissance. Du moins, c'est l'idée que veut faire passer Wells, sans doute pour justifier sa propre vie amoureuse assez aventureuse. Il le fait avec adresse et a le bon goût de laisser la place au doute. Il est intéressant de noter que les idées de Remington sont en lien avec une certaine fascination pour, disons, l'ordre. Rêve d'organisation parfaite, d'optimisation totale, de réalisation de tous les potentiels. Idéal que l'on peut imaginer facilement dériver vers des terrains plus sombres. Je remarque parfois le même genre de faille dans mes divagations intérieures.

The world I hate is the rule-of-thumb world, the thing I and my kind of people exist for primarily is battle with that, to annoy it, disarrange it, reconstruct it. We question everything, disturb anything that cannot give a clear justification to our questionning, because we believe inherently that our sense of disorder implies the possibility of a better order. Of course we are detestable. 

396 pages, 1911, Penguin Book

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