samedi 3 octobre 2015

Quinzinzinzili - Régis Messac


Quinzinzinzili - Régis Messac

Au début du témoignage de Gérard Dumaurier, le narrateur, on se croirait presque dans un roman de Jacques Spitz : on y retrouve une guerre à échelle planétaire dans laquelle l'humanité fait preuve de sa stupidité mais néanmoins rivalise d'ingéniosité pour ce qui est des façons de s’exterminer. Pour faire le lien entre les deux auteurs, on a aussi des parodies de déclarations politiques assez savoureuses. Mais cette guerre n'est que l'introduction du roman. Il se trouve que cette fois, c'est la bonne : plus d'humains sur notre petite planète. Tous exterminés. Fini.

Quoi que ... En visite dans une grotte avec un groupe de gamins, Dumaurier s'en est sorti, par miracle. Mais tout d'un coup le monde n'est plus que ruine. Tout est ravagé, il s'agit de survivre. Et ils survivent, les gosses et lui. Les années passent, les vêtements tombent en morçeaux, et les enfants approchent dangereusement de la puberté ... Et ce n'est pas joyeux, oh non, c'est sombre, très sombre. On lâche certes quelques sourires grinçants, mais le désespoir du narrateur est très communicatif. Il ne s'agit pas reconstruire une société dans la nature, mais plutôt de plonger à nouveau dans l'âge des cavernes. Dumaurier est comme Diogène, il cherche un homme, mais les gamins qui l'entourent sont plus proches des animaux. Alors il se moque d'eux et de leur petite société. Quinzinzinzili, notamment. C'est leur dieu, dont le nom vient de la déformation d'une vielle phrase de latin, vague souvenir de catéchisme. Tout leur langage est formé ainsi par des restes de français ou d'anglais.

Et Duraumier, dans tout ça ? Il essaie de les éduquer peut-être, de transmettre son savoir, sa culture ? Absolument pas, il est trop désespéré. Il hésite à se croire fou, enfermé dans un asile, plutôt que dans cette réalité encore plus démente. Régis Messac n'était pas un optimiste, mais son roman est un petit chef-d’œuvre de la SF française. Maitrise du langage, avec lequel il joue, maitrise de la narration, rapide et sans détours, et ton résolument moderne.

180 pages, 1935, l'arbre vengeur

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