jeudi 13 mars 2014

L'adolescent - Dostoïevski


L'adolescent - Dostoïevski

Le narrateur de cet avant dernier roman de Dostoïevski, c'est Dolgorouki, l'Adolescent, jeune homme d'une vingtaine d'année qui décide de rédiger une sorte d'autobiographie. Fraichement arrivé à Saint-Pétersbourg, Dolgorouki est tout excité à l'idée de rencontrer son père, Versilov, qu'il n'a jamais vraiment connu. Cette quête du père est une thématique centrale du roman, et Versilov est un personnage insaisissable, impliqué dans toutes sortes d'intrigues. Et des intrigues, il y en a beaucoup. Intrigues familiales, relationnelles, arnaques, argent, mariages, jeu, document compromettant, suicides, héritages ... C'est assez complexe et hétérogène, ce qui rend le roman très difficile à résumer. Pourtant il ne s'éparpille pas, car une chose demeure du début à la fin : le point de vue de Dolgorouki. Et si les histoires de famille en tout genre peuvent parfois peiner a intéresser vraiment, Dostoïevski parvient toujours à maintenir un certain suspense, mais surtout, c'est la plongée permanente dans l'esprit de Dolgorouki qui est passionnante. Cet adolescent obsédé par son « idée » est assez fascinant, et tout en recoupant un certain archétype de héros que l'on retrouve régulièrement chez Dostoïevski (jeune homme inexpérimenté et solitaire tenté par la fuite du monde social et agissant de façon passionnelle et irrationnelle), il a une puissante personnalité, et Dostoïevski excelle toujours autant dans les monologues enflammés. Cette «idée», c'est de devenir riche, plus riche qui qui que ce soit : une quête de puissante et de supériorité vouée à l'échec qui donne au personnage une intéressante dimension de démesure. L'adolescent est aussi un roman très drôle, qui m'a vraiment fait éclater de rire plusieurs fois, tant le comportement erratique et impulsif des personnage mêne parfois à des dialogues et des situations savoureuses. Bref, L'adolescent n'est pas une énorme claque comme les meilleurs romans de Dostoïevski, ce qui ne l’empêche pas d’être excellent et d'avoir sa propre saveur.

615 pages, 1875, Folio

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