samedi 28 décembre 2013

Les diables de Loudun - Aldous Huxley


Les diables de Loudun - Aldous Huxley

Huxley nous raconte ici l'histoire de la possession des Ursulines de Londun, une petite ville française. Déjà, le lecteur ignorant (moi par exemple) pourrait s'imaginer qu'un cas de possession ne dure pas plus de quelques semaines. Une none fait des trucs bizarres, par exemple marcher au plafond, on envoie un exorciste qui brandit son crucifix en hurlant vade retro Satanas, et hop, c'est réglé. Eh bien pas du tout, et Les diables de Loudun m'a appris plein de choses. La possession dure des années, et est crée de toutes pièces pour servir des intérêts politiques et religieux. Les prétendus exorcistes sont en fait ceux qui installent le mal dans les possédées, manipulant les névroses inhérentes à leur mode de vie pour servir leurs propres fin.

Au niveau de la forme, le livre est assez indéfinissable, entre roman, essai et récit historique. C'est très hétéroclite, avec des hauts et des bas. Commençons par les bas. Dans un passage essayiste qui dure plusieurs dizaines de pages, Huxley s'attache à démontrer ... je ne sais pas. Je n'ai rien compris. C'est assez indigeste, il parle de religion et de perceptions extra-sensorielles ... J'avoue être incapable d'en parler, j'ai sauté la plus grande partie de ce passage et je ne me souviens plus des bizarres concepts évoqués. Pour le reste, Les diables de Loudun est très convainquant. La partie de récit la plus marquante est celle qui se rapporte à Urbain Grandier. Ce prêtre ne manquant pas d'amour propre et amateur du beau sexe n'est pas sans rappeler le moine de Lewis. Ce viveur va par ses frasques s'attirer de nombreux ennemis, et c'est lui qui sera le bouc émissaire dans l'affaire de la possession. Une fois emprisonné puis soumis à la question, il n'est plus le même homme. Il y avait longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant atteint émotionnellement que pendant les passages narrant les supplices de Grandier et sa foi renouvelée. Outres les frasques et les souffrances de ce moine, on a droit à un décryptage des origines de la "possession" des Ursulines, la folie mystique du père Surin (personnage tout de même moins intéressant que Grandier), et de façon plus générale, un passionnant tableau de l'époque. L'ombre du totalitarisme plane, Richelieu espérant utiliser les événements de Loudun pour créer un nouvel âge d'inquisitions alors que cette ville se voit écrasée par le mensonge et la manipulation. Huxley conclut son livre avec de très intéressantes réflexions sur le besoin qu'a l’être humain de transcender son moi. Les diables de Loudun est au final une lecture assez surprenante et inégale, mais globalement instructive et intéressante, avec des passages de récit particulièrement frappants.

378 pages, 1952, Presses Pocket

samedi 7 décembre 2013

Tous à Estrevin ! - Lafferty


Tous à Estrevin ! - Lafferty

Connaissant Lafferty par quelques-unes de ses nouvelles, je m'attendais (et j’espérais) avec ce roman quelque chose de peu commun. Et bien je n'ai pas été déçu de ce coté. En effet c'est peu commun. C'est même très étrange.Vraiment très étrange.

Tous à Estrevin ! est l’autobiographie d'une machine, Epikt. Et c'est complétement fou. Littéralement. Tous les personnages du récit, les chercheurs de l'Institut de la Science Impure, les créateurs d'Epikt, sont complétement malades. Ou alors ce sont des génies. Je ne sais pas trop. Quoi qu'il en soit, ils font n'importe quoi. Je ne sais comment décrire leurs activités. C'est assez surréaliste. Ils essaient de changer la forme des cristaux de neige. Ils cherchent la forme de l'univers. Ils tentent de lire la vérité sur le ventre des serpents. Ou s'essaient au cannibalisme. Mais ils ne sont pas méchants, leur objectif est (parfois) de créer une essence d'amour pour la répandre sur Terre. Quand à Epikt .... C'est pire. Il est encore plus fou. Ou alors non, il est le seul sain d'esprit. Peut-être qu'en fait tout est normal, et c'est sa vision des événements qui crée cet étrangeté. Voit-il la réalité d'une façon impossible pour nous autres humains ? Probablement. De toutes façons, Epikt est encore jeune. Il commence son récit alors qu'il n'est pas encore né.

Je ne sais pas comment j'ai fait pour aller jusqu'au bout de Tous à Estrevin !. Et le plus étrange, c'est que j'ai aimé. Bizarre. Comment ai-je pu apprécier ce charabia ? Je crois que c'est parce que c'est stimulant. Intellectuellement parlant. On est face à une logique différente, on cherche à la comprendre, à en percer les mystères. Une logique, vraiment ? Peut-être que ce roman n'est que non-sens, absence de logique. Je ne sais pas. Tout change rapidement, on passe si vite d'une idée folle à une autre idée folle, d'une jeu de mot surprenant à un concept génialement incompréhensible, qu'on a pas le temps de s'ennuyer. C'est intrigant. Et stimulant. Et étrange. Et indescriptible.

253 pages, 1971, Presses Pocket

Les avis du Cafard Cosmique et de Scifi Universe.