mardi 18 juin 2013

Le moine - Matthew G. Lewis


Le moine - Matthew G. Lewis

Le moine est un classique de la littérature gothique et de la littérature fantastique en général. Rien que pour ça, j'avais envie de le lire. Mais quand je suis tombé sur cette édition, je me suis jeté dessus : j'adore l'illustration, simple et efficace, montrant le symbolique habit de moine dans une ambiance que l'on comprend être bien loin de la sainteté.

Le roman de Lewis est le récit de la chute d'Ambrosio, moine connu et respecté pour ses vertus et son respect des règles monastiques. Mais Ambrosio a le cœur plein d'arrogance et d'amour de soi, il tire un plaisir secret du respect et de la vénération qu'il suscite chez les autres. Il semble qu'il suffirait de peu de choses pour le mener dans la voie du vice et de la dépravation. L'occasion de révéler ces penchants va lui être fournie par un jeune et discret moine récemment arrivé au monastère. Et à partir de là, tout s'enchaine, et Ambrosio va être amené à commettre les pires horreurs. On pourrait croire qu'il s'agit là de l'essentiel du récit, mais ce n'est pas le cas. On retrouve également des personnages plus classiques, des nobles et des belles demoiselles, ainsi que leurs amourettes. Ainsi, au début du roman, on peut être surpris quand le récit s’écarte pendant longtemps d'Ambrosio et nous raconte les aventures d'un duc. Certes, ces aventures sont écrites avec talent et bien construites, et n'oublient pas d'apporter leur lot d'horreurs, mais bon, Ambrosio est tout de même plus intéressant. C'est le principal reproche que je ferai au récit: les parties qui ne se déroulent ni avec Ambrosio ni dans le couvent voisin (car les nonnes aussi ont des choses à cacher) sont un peu trop nombreuses. Car après tout, si l'on lit Le moine, ce n'est pas pour suivre les amourettes de gens de bonne famille, mais pour assister à la perte d'un homme de Dieu.

Et de ce coté là, et bien c'est réussi. Ambrosio est un personnage complexe, déchiré entre ses désirs et sa religion. Tout d'abord, ses désirs ne sont finalement que trop naturels, car une vie de frustration dans les murs d'un monastère ne délivre pas des besoins du corps et des charmes des plaisirs charnels, mais rapidement, il n'hésite pas à recourir à la violence et au crime pour assouvir ses pulsions. Il va jusqu'à se faire aider de Lucifer lui-même. Et c'est dans ces moments que le récit est le plus prenant, que la fascination pour les tourments et l'horreur des actes du moine fait que les pages s'enchainent sans qu'on y prenne garde. Alors certes, Lewis met trop en avant des personnages secondaires finalement classiques et peu intéressants, mais l'ensemble n'en est pas moins excellent. Une délicieuse plongée dans le vice qui se cache sous les vertus chrétiennes de ces serviteurs de Dieu.

367 pages, 1796, bibliothèque marabout

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