jeudi 6 juin 2013

La boite à maléfices de Robert Bloch


    La boite à maléfices de Robert Bloch

    Un recueil de 12 nouvelles de Robert Bloch, auteur ayant fait ses débuts dans Weird Tales sous l'influence de Lovecraft et qui est par la suite devenu célèbre avec Psychose (enfin, c'est surtout Hitchcock et son adaptation qui sont célèbres). Le volume que je me suis procuré a une couverture rigide et sobre, mais à part ça, le contenu est le même que dans l'édition un peu moins esthétique visible ci-dessus.
    • Monsieur Steinway (1954). Alors que la narratrice tombe amoureuse d'un charmant pianiste, elle se rend compte que celui-ci a une relation particulièrement poussée avec son piano. Piano qui va se révéler être un peu trop vivant. Sympathique.
    • Console moi, mon robot (1955). De la SF, cette fois. L'histoire commence alors qu'un homme se rend chez une sorte de psychiatre et lui annonce qu'il a l'intention de tuer sa femme. Et le psy écoute attentivement, donne son accord à ce qu'il dit être une thérapie tout à fait valable, et lui donne rendez-vous deux jours plus tard pour arranger les détails de meurtre ! Le thème de la psychiatrie est cher à Bloch, et ici, cela fonctionne parfaitement, un très bon texte.
    • Maudit sois-tu, docteur Fell (1955). Là aussi, un patient visiblement très perturbé, qui perd contact avec la réalité, se rend chez un psy. Encore une fois, le thème est tout à fait maitrisé.
    • On se trompe peut être (1955) continue dans une même veine qui fait penser à Philip K. Dick. Un homme devient tout d'un coup à devenir paranoïaque et remet en question la réalité de tout ce qui l'entoure. Et qui sait, il n'a peut être pas tout à fait tort.
    • J'embrasse ton ombre (1956) revient à une plus classique histoire de fantôme. Cependant, elle est traitée de façon moderne, c'est à dire qu'aux yeux de tous, le meilleur remède contre un fantôme, c'est un bon psy. Et du coup, cette nouvelle n'est pas si classique que ça.
    • Ève au pays des merveilles (1956) s’empire directement de conte de Lewis Carroll. Une richissime actrice se met à rêver toute l'aventure d'Alice alors qu'elle n'en avait jamais entendu parler, et un psy (oui, encore) essaie de comprendre ce qui se cache là-dessous. C'est l'occasion pour Bloch de se moquer des théories freudiennes d'interprétation des rêves. Pas mal, mais ne pas avoir lu Alice réduit l’intérêt de cette nouvelle.
    • La belle endormie (1958) offre un petit voyage dans la passé de la Nouvelle-Orléans. On est bien plongé dans les brumes et les fantômes de cette cité humide et cosmopolite, efficace.
    • Le coin des gorges chaudes (1959) met en scène une ado mal dans sa peau qui va avoir recours au crime pour attirer l'attention sur elle. Mouais, j'ai pas tout compris.
    • Le monde de l'écran (1969). Un vieil homme, figurant dans des centaines de films muet, va toutes les semaines au ciné pour revoir les vieux films dans lesquels lui et la femme qu'il a aimé ont figurés. Et il a l’impression que cette femme apparait dans des films dans lesquels elle n'a pas joué, et qu'elle lui fait des signes ... Pas mal du tout, même si la fin est plus que prévisible.
    • Chez le dingue (1971) reprend un peu la même idée, mais cette fois avec des bande dessinées. C'est dommage d'avoir mis deux nouvelles qui se ressemblent à la suite, surtout que celle-ci est un peu moins bien.
    • Dans les siècles des siècles, ainsi soit-il (1972) revient vers la SF avec une histoire de clones. Très intéressant, mais la fin ne m'a pas semblé crédible.
    • Et enfin, La maladie des entêtés (1976), narrée par un gamin, nous plonge dans une famille américaine campagnarde. Le papy vient de mourir, mais voilà qu'il se lève le matin comme de rien n'était et vient prendre son petit déjeuner ... Un bon texte pour conclure.
    Le niveau général des nouvelles rassemblées ici est très satisfaisant, même si toutes ne se valent pas. Robert Bloch s'inspire notamment beaucoup de la psychanalyse, il a tendance à distiller un fantastique plutôt discret, bien loin des créatures monstrueuses et autres classiques. Dans ce sens, on ne perçoit pas du tout l'influence de Lovecraft, son idole de jeunesse, il a su trouver son propre style. Et en général, cela fonctionne très bien. Un bon p'tit recueil.

    229 pages, Casterman

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