lundi 9 juillet 2012

Bloodsilver - Wayne Barrow


La très belle illustration de couverture de Bloodsilver, qui n'est étrangement ni rouge ni argentée mais dorée, pourrait laisser croire à l’innocent lecteur déambulant au hasard dans sa librairie favorite qu'il n'a affaire là qu'a un simple western. Mais bon, il n'y a pas écrit "FolioSF" pour rien. Le lecteur se penche donc un peu plus sur l'ouvrage, et discerne entre les lèvres du monsieur de la couverture des canines étrangement proéminentes. Voici que la vérité éclate : Bloodsilver est bien un western. Mais avec des vampires.

Ces vampires là sont un peu particuliers, et outre le fait qu'ils se reproduisent comme nous en faisant des enfants (Dracula doit se retourner dans son urne), ils sont partis à la conquête de l'Amérique dès 1691 ! Et pas de façon discrète, non. Peu après leur arrivée ils créent le Convoi, vaste procession de chariots qui écume l'ouest en prélevant sa dime de sang. Et d'argent (le métal). Comme c'est une matière mortelle pour eux, les vampires essaient d'accumuler le plus d'argent possible pour en priver les humains. Étrange lubie. Mais les choses vont bien changer au fil des siècles. Car dans Bloodsilver, le lecteur pourra suivre l'évolution de la situation pendant plus de trois siècles, jusqu'en 1915. Pas question donc d'avoir une trame linéaire, et le roman ressemble presque à un recueil de nouvelles, chacune nous présentant des tranches de vie de nombreux personnages. Les amateurs de l'époque auront la joie de retrouver les frères Dalton, les frères Earp, Mark Twain, Doc Holliday, Billy the Kid, la famille Winchester, divers présidents ... Mais ici, on est pas dans Lucky Luke, et beaucoup de ces épisodes se concluent par la mort sanglante de celui dont l'histoire nous est contée. Et comme nous sommes dans une fiction, si beaucoup de ces personnages sont des criminels, ils sont avant tout des Chasseurs, qui haïssent les vampires et rêvent de les exterminer. Bien sur, certains héros sont des personnages totalement fictifs, mais de façon générale on ne suivra que des humains, les vampires faisant plus partie de la toile de fond. 

Alors, Bloodsilver serait-il simplement le récit d'un rude combat entre l'humanité et les méchants vampires ? Loin de là. Après tout, si les vampires ont besoin de sang pour vivre, ce n'est pas de leur faute. Et si pour se le procurer il doivent massacrer des humains, ce n'est qu'une relation de cause à effet, pas une preuve d'une éventuelle méchanceté naturelle. Et puis il existe cette ville, Silver City, dans laquelle humains et vampires cohabitent en paix ... Les Chasseurs de vampire livreraient-ils donc un combat perdu d'avance ? L'avenir est-il tourné vers la cohabitation pacifique des races ? Voilà un positionnement intéressant qui contribue à donner de l’intérêt à Bloodsilver. Le bouquin n'est pas dépourvu de défauts : certaines parties sont moins intéressantes que les autres, la chronologie est parfois un peu confuse, le fil conducteur général est souvent trop ténu ... mais la lecture reste plaisante.

Au final, malgré ses limites, Bloodsilver est un sympathique roman mêlant fantastique et western et revisitant l'histoire américaine dans une ambiance sanglante. Il a le mérite d'aborder la question vampire dans un contexte inhabituel et d'une façon plutôt originale, car il ne s'agit pas d'un simple conflit entre races mais plutôt d'une cohabitation forcée qui ne débouchera pas forcément sur la violence.

482 pages, 2006, Pocket. D'après l'article Wikipédia du bouquin, Wayne Barrow est le pseudonyme de deux écrivains français, Johan Heliot et Xavier Mauméjean. Ils devaient trouver que leurs noms ne faisaient pas assez Far Ouest.


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