samedi 2 juin 2012

Prometheus - Ridley Scott

Prometheus
 Normalement, cet article ne contient pas de spoil majeur. 
Petit historique de la saga Alien pour ceux qui ne connaissent pas : 
- Alien, le huitième passager - Ridley Scott - 1979 
- Aliens le retour - James Cameron - 1986
- Alien 3 - David Fincher - 1992 
- Alien Resurrection - Jean-Pierre Jeunet - 1997

Si comme moi vous adorez la saga Alien, vous deviez attendre avec une certaine impatience Prometheus, qui entretient avec cette saga un lien particulier puisqu'il est à la fois un préquel et le premier film de science fiction de Ridley Scott depuis Alien, le huitième passager en 1979 et Blade Runner en 1982, deux classiques du genre. Passons rapidement sur la 3D : elle n'est ni bonne ni mauvaise, c'est à dire qu'à quelques exceptions près elle n'est pas très utile, mais elle est très propre et heureusement sait se faire oublier.

Dès les premières secondes du film, on est frappé par la beauté de l'image. De magnifiques paysages islandais défilent sous nos yeux, et heureusement, la suite est de la même veine. Prometheus offre des décors de toute beauté, aussi bien en intérieur qu'en extérieur, et reprend judicieusement l'héritage de Giger qui a grandement contribué à donner son charme à la saga Alien, j'y reviendrait plus loin. Même chose pour le cadrage, tout est merveilleusement fait pour que l'on oublie que ce n'est qu'un film. Au niveau du scénario, le film nous propose de partir bien loin de notre terre, à la recherche de ceux qui semblent être à l’origine de l'humanité, nos créateurs, les "Architectes". Ces dernier vont-ils apporter à l'homme les réponses tant espérées aux grandes questions du sens de la vie ? Vont-ils lui offrir l'immortalité ? Nous retrouvont également un thème cher a la saga Alien, celui de la nature de l’androïde, l'homme artificiel. Ainsi, ceux qui partent chercher leur créateur le font avec le soutien de leur création, mise en abime intéressante. Et bien sur, même si Prometheus ne fait  malheureusement absolument pas peur, il reste un film orienté horreur, et offre quelques scènes assez saisissantes dans ce registre. Tout cela représente un panel assez important de sujets à traiter, ce qui qui fait courir au film le risque de s'éparpiller et de ne pas pouvoir tous les traiter pleinement. Et c'est hélas ce qui arrive. Mais dans l'ensemble, cela fonctionne plutôt bien, ce n'est donc pas dramatique. Et si Ridley Scott ne révolutionne pas le genre comme l'a fait le premier Alien, il a gardé la volonté de ne pas trop en montrer. Cette retenue donne véritablement l'impression d'un film maitrisé (ou presque).

Prometheus Giger

Quand à eux, les personnages ont un peu trop tendance à souffrir du syndrome commun des films d'horreur, c'est à dire qu'on a l'impression qu'ils n'en ont jamais vus. Certains sont de vrais touristes. Je me pose sur une planète inconnue, il fait bientôt nuit, et au lieu de collecter des renseignements sur mon environnement en attendant le matin suivant, je lance aussitôt une expédition. Il semble que l'air du coin soit respirable, je n'attend pas des analyses supplémentaires et je n'ai pas peur des microorganismes potentiellement dangereux, j'enlève mon casque. C'est moi qui ai cartographié les lieux, mais j'arrive a me paumer dans trois couloirs. Je vois une créature extraterrestre inconnue, je la trouve mignonne alors je m'approche pour la caresser. Les exemples de ce type ne manquent pas, et ils nuisent à l'immersion. En effet, on pourrait croire que quand on investit mille milliards de dollars dans une mission à des années lumières de la terre, on évite de recruter des gens qui se baladent dans le vaisseau une bouteille d'alcool à la main. Heureusement, les trois principaux rôles sont bien plus convaincants. Michael Fassbender est parfait en androïde ambigu, Noomi Rapace, que l'on peut qualifier de personnage principal, très convaincante en scientifique qui a de la ressource (contrairement à son copain, assez insupportable), et Charlize Theron fait une très bonne chef presque plus glaciale et rigide que l'androïde.

Prometheus dure deux heures, et je ne les ai pas vu passer, ce qui est très bon signe. Et c'est un fait, la magie opère, on est embarqué dans cette aventure comme un alien est aspiré dans l'espace par une dépressurisation. Pourtant, on a l’impression que le film vers sa moitié a subit un montage qui a laissé des cicatrices, dans le but de le raccourcir. Après un nœud dramatique impliquant un certain nombre de personnages, il m'a semblé qu'un bout manquait. En effet les personnages reprennent ensuite les choses sans explication comme si ce nœud n'avait pas eu lieu, ce qui est assez déstabilisant. Peut être aurons nous droit un jour comme pour Aliens : le retour et Alien 3 à une version longue, ou alors c'est moi qui ai manqué quelque chose dans le film. A propos de manque d'explications, n’espérez pas avoir beaucoup de réponses aux questions posées. Cela peut donner l'impression que les thèmes se sont pas traités jusqu'au bout, mais dans un film faisant autant parti du genre "imaginaire", il est important de faire marcher celui du spectateur, et ne pas lui donner toutes les clés contribue à le transformer en acteur. Bon, c'est quand même un peu frustrant. Et en ce qui concerne le rapprochement avec la saga Alien, il se retrouve peut être plus dans l'esthétique et la construction du film que dans son histoire, même si les "Architectes" étaient déjà indirectement au cœur du premier Alien. On a même droit à un lieu qui rappelle très fortement la scène de la découverte de œufs dans Alien, le huitième passager. La tentative d'explication de l'origine des aliens est un peu étrange, mais le spectateur est libre de ne pas se contenter de cette réponse.

Prometheus Giger
Prometheus Giger












Je tenais à parler de l'influence considérable de l'artiste suisse H.R. Giger dans la saga Alien, et par conséquent dans Prometheus, qui reprend beaucoup de ces codes visuels. C'est à lui que l'on doit le design de l'alien, mais aussi l’esthétique biomécanique de l'architecture des constructions organiques des aliens et des bâtiments et vaisseaux des "Architectes". Cette architecture est en effet a mon sens une originalité et une profonde réussite autant pour la saga Alien que pour Prometheus grâce à son coté profondément inhumain, qui, sans artifices, nous fait sentir que les hommes n'ont clairement pas leur place dans ces lieux. Sans parler de leur capacité à créer l'oppression. Quand on connait un peu l’œuvre de Giger, on se rend également compte du caractère très sexuel de l'alien, autant au niveau du design que du comportement. Car pour se reproduire, l'alien a besoin de pénétrer l'homme pour l'utiliser comme mère porteuse, et cette notion de violence extrême qui utilise la mort pour fait naitre la vie se retrouve dans Prometheus.

Au final, j'ai peut être beaucoup critiqué Prometheus, mais je suis bien content d'avoir été le voir, malgré son scénario décevant. L'amateur de science fiction et d'ambiances malsaines qui est en moi est parfaitement comblé. Je n'ai pas vu le temps passer, l'image est splendide et le scénario intéressant (mais inabouti, autant par faute de temps que par volonté de rester mystérieux). Prometheus est-il la première pierre d'une nouvelle saga ? La fin très ouverte le laisse présager. Ces éventuelles suites seront-elles dirigées elles aussi par Ridley Scott ou comme pour la saga Alien par un nouveau réalisateur de talent à chaque fois ? Le temps nous le dira, ne reste plus qu'a espérer que cette éventuelle future saga Prometheus sera à la hauteur de la quadrilogie Alien. Bonne chance à ceux qui s'en chargeront pour relever ce défi. Il faut juste qu'ils pensent à changer de scénariste.

PS : j'ai appris par la suite que le sénariste de Prometheus avait travaillé sur Lost, ce qui explique un peu le coté souvent WTF de l'histoire. De plus, le film aurait été sauvagement coupé en Europe pour être plus court et moins violent. Dommage ...

PS2 : avec un peu plus de recul, je me compte qu'écrire sur un film en revenant du ciné n'est pas une bonne idée. Malgré son esthétique réussie, le film est assez mauvais, du moins dans le montage cinéma. J'ai été bien trop gentil.

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