dimanche 17 juin 2012

Bifrost n°66 Spécial Isaac Asimov


Isaac Asimov ... ah, nostalgie ... C'est à lui que je dois mes premières lectures de science fiction, grâce à de vielles éditions de quelques uns de ses recueils de nouvelles, comme par exemple L'avenir commence demain ou La voie martienne. J'étais encore tout petit, mais Asimov ne faisait pas mentir sa réputation d'auteur idéal pour s'initier à la SF : j'adorais ! Je lui dois aussi un de mes plus beaux souvenirs de lecture grâce aux 5 tomes de Fondation, cycle passionnant qui m'a fait définitivement entrer dans le monde tout aussi passionnant de la SF. Je n'ai plus beaucoup lu Asimov depuis, si ce n'est l'intéressant Les dieux eux mêmes, mais ... Bon, allez, j’arrête de raconter ma vie et je me penche sur ce numéro de Bifrost.

Comme toujours, on commence par quelques nouvelles. La première, écrite par la plume de Cory Doctorow, porte un nom aussi générique qu'adapté au sujet traité par le numéro : Les robots (2005). Le monde est divisé en deux zones en guerre l'une contre l'autre : l'Amérique du nord et l'Eurasie. Arturo est flic à Toronto, il aime bien mettre sa fille de 12 ans sur écoute pour veiller à sa sécurité, et n'hésite pas à la faire pister par un robot flic. C'est là tout l’intérêt de la nouvelle : son univers ultra technologique, avec ses robots respectant (ou pas) les 3 Lois, Harmonie Sociale, organisme au nom évocateur, ou encore ses IA amatrices de propagande. Bref, tout cela a du charme. D'un autre coté, l'écriture et assez banale, il y a les gentils et les méchants, et les personnages principaux forment une structure familiale (papa-maman-fifille) qui, au prix de quelques larmes, parviendra à se rapprocher à nouveau (chose qui m'exaspère particulièrement, mais c'est subjectif). Bref, une nouvelle sympathique mais sans plus.

Bien sur, ce numéro de Bifrost se devait de comporter quelques textes d'Asimov lui même. Quel dommage ! (1989) est qualifié en préface "d'anecdotique" (au moins, on ne peut pas reprocher à Bifrost son manque de franchise). En effet, ce texte est extrêmement court (8 pages) et pas vraiment marquant. Cette histoire de nanotechnologie (et de robots, bien sur) a cependant réussit à me surprendre, la fin n'étant pas celle que j'avais cru deviner pendant ma lecture. Les visions du robot (1990) est un peu plus dense, aborde le thème du voyage dans le temps, et pose la question suivante : et si les robots méritaient la vie plus que nous ? Après tout, qui sait s'ils ne nous survivront pas, et sauront réaliser une utopie que les hommes n'ont jamais su faire sortir de la sphère de l'imaginaire ...

Je n'ai pas de commentaire à apporter sur la partie "Ballades sur l'arc" (les critiques des dernières sorties), mais je tenais à signaler la courte interview d'un libraire spécialisé dans l'imaginaire, qui "se nourrit" de sa passion mais n'en vit pas, que j'ai trouvé particulièrement intéressante. Maintenant, le gros morceau : le dossier consacré à Isaac Asimov ! Un article introductif s'attaque tout d'abord à estomper l'aura mystique que le lecteur pourrait associer à Asimov, à "mettre les points sur les i". Bonne façon de commencer, très critique et instructive. L'article suivant, très court, nous conte la façon dont Asimov a toujours refusé de venir en France, malgré les invitations répétées de Philippe Hupp, qui nous détaille pour notre plus grand plaisir un diner avec l'auteur.

Vient ensuite un long article signé par Asimov lui même, écrit en 1989, dans lequel il détaille sa vision du robot et passe en revue ses textes sur le sujet. C'est l'occasion de bien se rendre compte que le gentleman avait une assez haute opinion de lui même, et n'essayait pas vraiment de le cacher, l'article débordant en effet d'autosatisfaction. Il n'oublie pas de soulier plusieurs fois qui a inventé le mot "robotique", que les 3 Lois jouissent d'une énorme renommée ou encore que de nombreux roboticiens ont été inspirés par son œuvre. Au delà de ces aspects, il est quand même intéressant d'avoir l'avis du principal intéressé dans un dossier qui lui est consacré. Et dans les pages qui suivent, on a doit à une opinion bien différente sur la saga des robots, qui se fait joyeusement massacrer (ou presque), arguments à l'appui. On retrouve le même schéma pour Fondation : un texte d'Asimov suivi d'une étude critique, cette fois plus positive. L'article suivant est consacré a la partie de l’œuvre d'Asimov proche du polar, intéressant mais un peu long à mon gout (14 pages). Suivent un guide de lecture comprenant quelques critiques de livres d'Asimov non étudiés précédemment, un article de l'auteur nommé "De l'intrigue" et une étude de la psychohistoire.

Bref, on a là un numéro de Bifrost plus qu’honnête, malgré des nouvelles pas inoubliables, et 190 pages ne sont pas de trop pour s'attaquer au géant qu'est Asimov. Je crois que je resterai sur mes souvenirs de jeunesse en ce qui le concerne, c'est à dire le considérer comme une porte d'entrée particulièrement agréable et intelligente dans la littérature et la SF. Pour en savoir plus, lisez Bifrost (et Fondation) !


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